Pronom-bre(s) est le deuxième livre de Grégoire Cabanne que nous publions aux éditions MF, après  Michel, Leïla (Lui, Elle, Toi) en 2019. Il s’inscrit dans le même cadre d’écriture, celui des « microèmes », ces tercets de vers brefs (jamais plus de quelques syllabes, sauf exception) et pronominaux (leur sujet est toujours un pronom) dont Grégoire Cabanne a fait le principe formel de son entreprise poétique. À la différence de Michel, Leïla (Lui, Elle, Toi), aucune narration identifiable ne se dégage de la lecture de Pronom-bre(s). Point de personnages potentiels derrières les pronoms, aucune histoire à dérouler, mais tous les sens et toutes les références dont ils sont porteurs. Le travail poétique consiste ici à construire le sens par variation des situations relationnelles entre pronoms (et parfois adjectifs) : à créer des situations en mettant en lien des mots qui ne désignent rien ni personne en particulier mais des modes possibles de relation (le Je, le Tu, le Nous, le Tout, le On). Ce travail sur les relations est un des sujets principaux de Pronom-bre(s), les relations entre personnes (le monde social) mais aussi les relations entre choses. Ses tercets décrivent autant ce qui relie les personnes que ce qui fait tenir ensemble les choses, le « Nous » d’une société et le « Tout » d’un monde. Il y a de la métaphysique dans la poésie de Grégoire Cabanne. Comme il l’écrit dans sa postface à l’ouvrage : « Décrire les relations, et en principe “toutes les relations possibles” entre pronoms, en langage, c'est décrire tout l'être (humain) du monde, le vrai tissu du monde, texte pronominal. »