En 1991, Giuseppe Sinopoli écrit Parsifal à Venise, essai enchanteur, envoûtant, sur le chef-d’œuvre ultime de Richard Wagner. Deux ans auparavant, après une répétition de son troisième acte, l’éminent compositeur et chef d’orchestre italien, distrait par le leitmotiv de l’erreur à la sortie du Teatro La Fenice, se perd, une nuit entière, dans le labyrinthe de la cité lagunaire où, pourtant, il est né et a étudié. Son esprit s’y emplit des thèmes littéraires et spirituels du drame wagnérien : l’arbre, la fleur et le jardin magique, la croix, la lance, le sang, le Graal… Comme prise dans le flux des eaux et de la musique, l’errance suscite une méditation sur le mythe, le rite, le labyrinthe, la caverne, le symbole, l’organisation de l’espace et du temps, jusqu’à la Lumière que promet l’aube. Alors le roman d’une telle nuit se fait « journal de l’âme », ainsi que Giuseppe Sinopoli qualifiait les pages de son essai, nouant splendidement l’âme de Parsifal et la sienne propre. Celle aussi d’un inconscient commun à travers les siècles, à l’exemple du limon ou des strates pierreuses de Venise, et au-delà, vers la Mésopotamie et les sables bibliques, vers l’Égypte, la Grèce et l’Étrurie, dans une quête du sens de la vie et de la mort.
Au texte de Sinopoli, Laurent Feneyrou, musicologue et traducteur, a ajouté une longue postface qui restitue la pensée et l’art de l’auteur, que ce livre nous permet à redécouvrir.
Humaniste, considérant qu’être musicien implique d’étudier une partition, mais aussi une culture, Giuseppe Sinopoli (1946-2001) était en quête incessante de connaissances : médecin, il soutient à Padoue, en 1971, une thèse en psychiatrie et anthropologie criminelle avant d’écrire, dans une perspective clinique et musicale, sur Schubert, Schumann ou Wagner ; organiste et pianiste, il entre au Conservatoire de Venise et, deux mois plus tard, le quitte et se choisit pour maître Franco Donatoni, Bruno Maderna et Luigi Nono ; chef d’orchestre, il se forme, à Vienne, auprès de Hans Swarowsky, et dirige les plus grandes formations du monde, à Berlin, Chicago, Londres, New York, Vienne... Giuseppe Sinopoli meurt le 20 avril 2001, à la Deutsche Oper de Berlin, en dirigeant Aida. Trois jours plus tard, il devait soutenir, à Rome, une thèse de doctorat en archéologie.
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Editeur : éditions MF
Collection : Répercussions
Publication : 11 février 2025
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre papier
Poids (en grammes) : 300
Langue(s) : Français
EAN13 Livre papier : 9782378040857