voix, érotisme et société de masse
Ce livre trace une histoire singulière de la radio, un récit qui se développe en parallèle avec l'essor de la société de masse – c'est-à-dire la nôtre. À travers l'analyse d'une série d'œuvres artistiques conçues spécifiquement pour le médium radiophonique, Miguel Álvarez-Fernández avance l'hypothèse d'une parenté entre cette technologie globale émergente et certains éléments discursifs propres au fascisme.
Les mécanismes de séduction par lesquels la radio parvient encore à nous captiver, l'érotisme de ses voix acousmatiques, l'aura de nostalgie qui a toujours accompagné ses transmissions... Ces facteurs favorisent un type de relation particulier avec l'auditeur, désigné ici comme “intimité radiophonique”, et exploré à travers une métaphore : la membrane palpitante du microphone. Les vibrations de cette surface élastique et liminale relient, d'une part, l'espace virtuel et électronique de la radio et, d'autre part, le lieu où les corps et leurs voix viennent caresser – ou frapper – cette membrane. Ainsi, la membrane du microphone se présente, en termes politiques, comme contenant, barrière et frein, à partir desquelles se forge une nouvelle forme de subjectivité.
Le sous-titre renvoie aux trois composantes qui répondent aux principaux enjeux de l'écoute radiophonique. À travers la voix, présentée dans sa condition sonore, physique, sémantique et performative, l'auteur introduit le concept de l'“agnosticisme du microphone”, qui désigne la capacité de la membrane à filtrer et faire vibrer les éléments sonores et verbaux, sans distinction culturelle ou symbolique. L'érotisme, deuxième notion fondamentale, renvoie au sentiment d'immense intimité de la nostalgie radiophonique que nous éprouvons lorsqu'on écoute ce média à travers le microphone. Dans ce contexte, la séduction et la domination apparaissent comme les deux caractéristiques du langage radiophonique qui agit sans signifier, à travers le prisme du microphone. Enfin, la société de masse, catégorie sociologique qui s'est constituée parallèlement à ce moyen de communication et de “formation”, permet à l'auteur de cerner l'ambiguïté que ce média incarne, plaçant son récepteur entre l'écoute et l'obéissance.
À travers un ensemble choral de voix contextualisées (Henri Chopin, Charles Chaplin, Walter Ruttmann, Mauricio Kagel, Julio Estrada, Anna Raimondo, Gerhard Rühm et Esther Ferrer), chaque chapitre présente de nouvelles notions, accompagnées d'un commentaire de l'auteur, sous la dynamique de la ritournelle, c'est-à-dire en revenant toujours au point de départ de cet essai : les potentialités de la triple membrane (le tympan, le microphone et les haut-parleurs). La radio devant le microphone se présente ainsi comme un petit essai sur la radioperformance, dont le but ultime est d'exposer l'inconnu de la fonction membranaire du microphone à travers les voix radiophoniques. Ces voix, par leur caractère acousmatique, exercent une performance publique de la voix à travers cette membrane, posant des questions sur la mort, la folie, le temps, l'existence, les percepts, les affects, les désirs et les frontières.
Traduit de l'espagnol par Coral Nieto Garcia.
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Editeur : éditions MF
Collection : Répercussions
Publication : 23 janvier 2025
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre papier
Poids (en grammes) : 250
Langue(s) : Français
EAN13 Livre papier : 9782378040949