« Qu’apporte dès lors l’effet de relativisation du cinéma, envisagé comme un champ parmi d’autres au sein du domaine mouvant de l’audiovisuel ? Avant tout un radical changement d’échelle : resitué au cœur de l’“histoire industrielle des images en mouvement” (p. 11), le 7e art n’est plus cet objet esthétique toujours déjà perdu dont il s’agit de déplorer la disparition ou de célébrer le souvenir. D’une certaine manière, le cinéma en tant que champ filmique n’a jamais disparu : dès le début, il a vécu de tensions et d’échanges avec d’autres possibles techniques et esthétiques. En ce sens, le cinéma n’est pas devenu une province de l’audiovisuel ainsi que Malraux l’écrivait dans L’ Homme précaire et la Littérature : très tôt, il l’avait été ; il l’est resté depuis – et assurément l’une des provinces les plus attachantes. Le cinéma n’est pas menacé de disparaître : son inscription au sein du domaine de forces en tension qu’est l’audiovisuel, loin de lui faire courir le risque d’une dilution, lui ouvre la possibilité de toutes sortes d’hybridations, et le rend plus riche de ne plus être pensé en position exclusive et hégémonique. » écrit Jean-Louis Jeannelle en conclusion de son compte-rendu des Champs de l'audiovisuel paru dans la revue Critique 2018/10.