61 sonnets de Luc Boltanski accompagnés d’images de Christian Boltanski.

Ce volume contient 61 sonnets dans la tradition de la poésie amoureuse de la Renaissance – ainsi que les effigies d’une femme inconnue, évoquant celles à qui ces sonnets sont adressés. Chacun des sonnets se rapporte à une personne réelle et fait référence à un événement ou à un état amoureux également réels. Les qualifier de « réels », signifie que ces personnes, sentiments ou événements ne reviennent en mémoire que pris dans la trame de situations définies, associées, par conséquent, à un moment – ici, un mois de l’année – et à un emplacement – ici, une rue de Paris –, ville où l’auteur des vers et celui des images ont passé la plus grande partie de leur vie, et qui détient, avec quelques autres, le privilège d’incarner la plupart des leitmotive de la symbolique passionnelle. Rien, peut-être, ne se trouve aussi vivement imprégné du caprice des saisons et de la contingence des lieux que ne l’est la remémoration amoureuse. Les empreintes laissées par l’amour n’étant – comme on le dit de l’inconscient –, affectées ni par la durée ni par la distance, ne peuvent se manifester et envahir le présent, que sous la forme de vifs éclats qui survivent à l’éloignement des corps et dont la flèche du temps ne parvient pas à se saisir. Elles sont semblables, en cela, à l’intense lumière fossile d’astres qui, nuit après nuit, ne cessent de nous éblouir, au point qu’il nous est impossible d’éprouver, dans nos cœurs et dans nos chairs, ce que, simultanément, notre raison, sur la foi d’impénétrables calculs astronomiques, ne saurait mettre en doute : la certitude de leur irrémédiable disparition.